Non, ce n'est pas le chiffre d'affaire de la MCE qui a pris cette ampleur incroyable ces derniers temps ! Seulement, le cours mondial du cacao qui affole les compteurs en ayant pratiquement triplé sa cote en moins d'un an pour atteindre le prix astronomique de 12261€ la tonne le 22 Avril dernier ! Vous trouverez un excellent article fait par nos amis d'ETHIQUABLE à l'adresse suivante : Comprendre la hausse spectaculaire des cours du cacao Nous allons vous en faire un résumé succinct. POURQUOI ? Une très mauvaise récolte en Afrique de l'Ouest, principalement due à des conditions météorologiques peu favorables avec de fortes pluies suivies d'une période trop sèche en 2023. Cette baisse de rendements est très forte en Côte d'Ivoire et au Ghana qui représentent 60% de la production mondiale de cacao. SPÉCULATION ? En cas de déficit comme d'excédent, la spéculation s'appuie sur des causes réelles du marché physique, mais vient exagérer les tendances. La spéculation à la hausse conduit aujourd'hui à ce record historique des cours du cacao. Les opérateurs financiers ont investi un montant jamais égalé de 8,7 milliards de dollars au cours des derniers mois sur les bourses de New York et de Londres pour spéculer en faveur d'une hausse des cours du cacao. Cependant, les fonds spéculatifs n'en sont pas directement responsables. LES PRODUCTEURS EN PROFITENT-ILS ? Pas vraiment pour la Côte d'Ivoire et le Ghana qui subissent une importante baisse de production. C'est un peu plus vrai pour l'Équateur, 3ème producteur mondial. Les autres pays producteurs restent prudents mais devraient un peu en profiter comme Madagascar, Nicaragua, Pérou et République Dominicaine si ce niveau se maintenait. VONT-ILS S'ENRICHIR ? Le marché permet enfin aux producteurs d'atteindre ce fameux revenu décent mais dans le monde du cacao, les paysans ont une expérience concrète et historique de la volatilité des prix. Ils savent qu'une année sur 7 ou sur 10, les prix du marché s'envolent, leur permettant une rémunération exceptionnelle et qu'après la hausse viendra la baisse qui peut, elle, durer assez longtemps. UTILITÉ DU COMMERCE ÉQUITABLE ? Dans le cadre du label Producteurs paysans (SPP), ETHIQUABLE applique la règle du prix minimum garanti de 2750 USD/T + une prime bio de 600 USD/T + une prime de développement de 250 USD/T. Donc, au total, un prix minimum de 3600 USD/T. Lorsque les cours internationaux dépassent le prix minimum garanti, la règle devient le prix du marché + primes bio et de développement de 850 USD/T. Cette règle est plus exigeante que celle du label Fairtrade/Max Havelaar qui retient le principe prix du marché + des primes de 550 USD/T pour un cacao bio équitable. La règle du commerce équitable du prix du marché + différentiel bio-équitable reste nécessaire et justifiée même en cas de tendance haussière. Si les cours internationaux du cacao retombent à des niveaux plus bas, il sera important pour les coopératives de compter sur un prix minimum plus élevé que ceux pratiqués jusque-là. En effet, avec l'inflation des deux dernières années, le coût de la vie a augmenté considérablement dans les pays producteurs. BAISSE PROCHAINE DES PRIX ? Cela a commencé depuis un petit mois ... L'évolution du marché est totalement liée à la situation de l'Afrique de l'Ouest. La baisse de la récolte ivoirienne de cacao pour 2023-2024 serait donc de 24 %. Le marché restera donc déficitaire et les cours ne devraient donc pas baisser significativement. Il est donc peu probable que les tendances du marché changent significativement avant cette prochaine récolte. Les perspectives à moyen terme militent pour des cours plutôt élevés dans l'avenir. Le vieillissement des plantations, leur situation sanitaire dégradée, la baisse de fertilité des sols défrichés depuis plusieurs décennies sont autant d'éléments qui convergent vers une perspective pessimiste. D'autres cultures comme le palmier à huile, l'hévéa ou même la production alimentaire (banane, igname…) sont souvent préférées au cacao par les jeunes qui s'installent pour des raisons économiques et agronomiques. CAS DE LA CÔTE D'IVOIRE L'importante réserve de fertilité mobilisée par l’abattage de la forêt et la défriche-brûlis a généré à court terme un extraordinaire déploiement des plantations de cacao, mais une fois la rente forestière consommée et les sols appauvris par la monoculture en pleine lumière, la production cacaoyère chute inexorablement… jusqu'à ce qu'une autre région forestière prenne le relai pour un nouveau boom du cacao. Le changement climatique à l'œuvre et le Règlement européen de lutte contre la déforestation importée, dont le but est justement d'éviter de nouveaux booms du cacao, sont autant d'éléments qui laissent à penser que nous sommes à la veille d'une période où le cacao sera plus rare et plus cher. IMPACT SUR LES CONSOMMATEURS Rappelons que la part du cacao dans le prix des tablettes de chocolat n'est généralement que de 5 % à 10 % ... La tablette de chocolat noir conventionnelle de la marque de référence du rayon affichée aujourd'hui à 1,50 € passera à plus de 2 €. Une tablette de chocolat bio labellisée Fairtrade/Max Havelaar de la marque d’une grande chaîne de supermarché proposée à 1,30 € pourrait ainsi passer à plus de 1,80€. L'impact de la hausse du prix au consommateur de la tablette de chocolat noir 75 % Ethiquable sera d'environ 0,22 €. Le triplement des cours du cacao en quelques mois nous rappelle qu'un basculement vers une nouvelle ère est possible. Une ère dans laquelle le cacao à bas prix pour un marché de masse n'existerait plus. Une ère où un cacao mieux payé aux producteurs sera consommé autrement, avec parcimonie et prise de conscience de la qualité du produit. |